APPRIVOISER SON OMBRE Pascale LEMAY
http://www.fraternet.com/magazine/loi2011.htmA l'heure où de plus en plus de personnes s'intéressent à leur développement personnel, cet ouvrage s'avère être d'une aide considérable. Rédigé et mené d'une façon limpide et concise, nous sommes dès les premières lignes attirés vers un Essentiel : la connaissance et l'Amour de soi.
L'auteur, Jean Mombourquette, prêtre, psychologue et professeur d'université au Canada, aborde à cet effet une notion jungienne peu exploitée : celle de l'ombre ; cette autre image de nous-mêmes que nous avons refoulée par nécessité, par peur, par conditionnements sociaux ou familiaux… devenant par là même victime d'une dualité intérieure ne pouvant qu'affecter notre santé mentale, psychique et spirituelle, avec les conséquences que nous connaissons.
Par cette étude remarquable, Jean Mombourquette nous amène donc à explorer la facette à priori peu aimable de notre identité. Il ne s'agit nullement de devenir cette ombre où se trouvent enfouies nos tendances et pulsions les plus basiques ainsi que nos peurs primordiales mais de l'accueillir comme une partie de nous-mêmes sous un jour qui nous permettra d'unifier notre personne et de croître intelligemment. Et pour rétablir l'unité intérieure, l'auteur nous appelle nécessairement à fouler un chemin d'humilité plus qu'il ne sollicite notre mental et notre réflexion. Il nous invite en effet à observer et à accueillir notre ombre avec humanité et tendresse pour enfin apprendre à solliciter l'aide de ce grand Réconciliateur inhérent à tout être humain : le Soi. Ce " Tout Amour " et " Tout Puissant " qui opérera la fusion entre notre ombre et notre personnalité sociale.
Si cet ouvrage remarquable bouleverse positivement notre équilibre intérieur, il influe immanquablement sur nos rapports avec autrui. Car cette ombre que nous sommes se projette également chaque jour dans cet Autre qui nous insupporte par le simple fait qu'il nous renvoie cette image de nous-mêmes que nous cachons, étouffons, jugeons et condamnons. Voilà pourquoi, après lecture de cet ouvrage, nous nous apercevrons que nos relations familiales, sociales et affectives s'en trouveront pacifées voir métamorphosées. Comment donc ne pas dire " oui ! " à la reconnaissance de cet enfant illégitime qui souffre de survivre dans l'ombre et qui réclame un peu d'attention et d'amour pour grandir et… enrichir et tempérer notre ego social. Un ouvrage à lire et relire.
Pascale
FAUT-IL AVOIR PEUR DE SON OMBRE ?http://www.analyse-integrative-re.com/html/ru$fm___.htmQuelle est cette part obscure en chacun de nous ? Comment est-elle venue en nous, doit-on en avoir peur et faut-il la mettre en lumière ?
Autant de questions auxquelles nous allons essayer de répondre afin de nous rapprocher de ce côté mystérieux de l’individu.
Les précisions suivantes apportées par le dictionnaire permettent de cerner ce dont nous allons parler :
l’ombre : zone sombre créée par un corps opaque qui intercepte les rayons d’une source lumineuse – forme imprécise dont on ne distingue pas les contours.
Dans la personnalité psychique de l’homme, l’ombre est tout ce qui a été refoulé dans l’inconscient dès la prime enfance. Cette répression des instincts premiers lui donne un caractère primitif, sauvage et rebelle qui fait peur et donne l’impression qu’elle est le mal.
I - Doit-on avoir peur de ce côté mystérieux qui est en nous ? Souvent jugés moralement, les traits de caractère qui émanent de notre ombre sont repoussés parce que déplaisants et in acceptés.
Mais ils font partie de nous et pour retrouver l’unité de notre être, il est important d’aller à la rencontre de cette partie cachée, de l’éclairer, même si nous avons peur de ce que nous allons découvrir.
Mais comment cette part se construit-elle, comment se manifeste-t-elle et comment aller à sa découverte ?
II - Le conceptC’est Carl Gustav JUNG qui crée le concept de l’ombre dans sa théorie des archétypes : il propose l’idée de couches profondes de l’inconscient d’où émanent les images originelles de l’humanité que chacun porte en lui, dans ce qu’il appelle l’Inconscient Collectif.
Il reprend également l’idée d’un inconscient personnel où sont stockés tous les souvenirs oubliés, refoulés.
Dès sa sortie de la matrice où tout est indifférencié, uni, paradisiaque (état indicible puisque d’avant la naissance), l’homme découvre les opposés ; la première séparation qu’il connaît est physiologique, c’est celle d’avec sa mère.
Puis il va structurer son psychisme en développant une conscience. Il va se construire et opposer ce qui est « bon » et ce qui est « mal ». Pour pouvoir vivre, il écarte le « mal » pour être dans le « bon ». Tout ce qui est écarté, est refoulé dans l’inconscient et crée l’ombre.
Ces refoulements sont le résultat des « choix » que fait l’individu, de l’éducation qu’il reçoit. Pour s’adapter au milieu dans lequel il grandit, l’enfant va accommoder ses comportements, les aspects de sa personnalité par crainte d’être rejeté.
Tout ce qui pourrait déplaire ou paraître déviant a été réprimé. Certaines valeurs individuelles qui pouvaient entrer en conflit avec le moi conscient sont refoulées : l’homme se construit ainsi dans une dualité entre ses schémas primitifs et les valeurs morales.
Cela parait inévitable : en effet, l’être humain vit en société, que ce soit dans n’importe quelle culture, il est dans un groupe qui a des codes. Il doit donc s’adapter à ces codes s’il veut survivre au sein de ce groupe.
L’enfant crée donc un personnage social qui va parfois aller à l’encontre de son être intime. L’ombre est plus primitive que le Moi et plus près du monde des instincts, le Moi la ressent donc comme quelque chose de désagréable, de coupable car elle contient tout ce que l’individu refuse de reconnaître en lui.
Dans l’idéal, cette adaptation devrait être souple et permettre de respecter la personnalité profonde, mais en majorité, cela se passe de façon rigide et conflictuelle. Certaines valeurs personnelles de l’être ne pouvant être tolérées dans son univers social (tout ce qui est hors norme), vont être refoulées afin qu’il soit accepté et aimé.
Il enterre ainsi dans un monde souterrain des sentiments, des idées, des comportements… il ne les supprime pas, il les refoule.
Ces parties oubliées de lui vivent toujours et sont présentes inconsciemment, elles sont la marque du prix payé par la personne pour se fondre dans son environnement.
Pour Sigmund FREUD, père de la psychanalyse, cette part de refoulé représente un monde de chaos. Il définit le Ça dans la deuxième topique : instance la plus archaïque, primitive et originelle, c’est un réservoir pulsionnel inconscient (sans être tout l’inconscient) fondé sur le principe de plaisir et source d’énergie.
La différence avec le concept de JUNG se marque par l’origine pulsionnelle notée par FREUD : pour lui, le Ça est marqué par la libido et entre en conflit avec le Moi qui s’élabore progressivement en lien avec la réalité.
Pour FREUD, le Ça est composé de forces pulsionnelles, d’une part de refoulé ; il le voit comme un chaos de forces négatives en opposition à l’organisation du Moi qui doit se protéger en développant une vie rationnelle solide et en fortifiant le principe de réalité.
Or nous verrons que l’ombre, ce qui est refoulé n’est pas que négatif : il y a des valeurs positives que l’individu a malheureusement oubliées et qui méritent d’être vécues, retrouvées et mises en lumière.
Quoiqu’il en soit, en se développant et s’adaptant, il développe des traits de caractères qui ne lui appartiennent pas vraiment, il répond à des injonctions dont Sois Parfait n’est pas la moindre pour favoriser le refoulement massif de valeurs personnelles intéressantes.
Pour le développement de la suite de ce propos, je choisis de m’appuyer sur la théorie de JUNG moins restrictive et ouvrant sur la perspective d’une rencontre avec notre part d’ombre.
III - Comment sait-on que cette partie de nous existe puisqu’elle est inconsciente ?C’est pas ses différentes manifestations que l’ombre a pu être reconnue, en effet, chacun a en lui un côté « mal aimé », son « Mister Hyde » qui montre de temps en temps le bout de son nez.
Puisqu’elle est inconsciente, l’ombre utilise les mécanismes de l’inconscient pour se manifester : ce sont donc par les rêves, lapsus et comportements de projection que nous pouvons la découvrir…
Nous projetons sur autrui les traits que nous avons refoulés en nous, nous les transférons sur quelque chose d’extérieur. Mécanisme de défense du Moi, la projection permet de ne pas s’auto démolir en reconnaissant en soi ces aspects qui nous rebutent. Il n’est pas facile de s’accepter Mister Hyde, surtout si Mister Hyde est assez démoniaque.
Les traits de caractère que nous avons refoulés, nous pouvons les retrouver par les critiques que nous portons sur les autres. Pourquoi est-ce que je n’aime pas telle ou telle personne ? Pourquoi est-ce que je suis agacée, irritée, dégoûtée, jalouse de tel ou tel autre ? Pourquoi est-ce que j’éprouve une attirance, de la tendresse pour celui-là ?
Porter attention à ces sentiments en nous, se poser ces questions permettent une prise de conscience car l’individu attribue à l’autre ce qu’il méconnaît en lui.
JUNG dit :
« On n’est que trop disposé à reporter sur l’autre la violence que l’on fait à sa propre nature »
Ces aspects de soi que l’on côtoie régulièrement manifestent cette part obscure.
Chacun peut vivre en n’ayant pas conscience de ce côté obscur, nous sommes des être humains avec nos potentiels et nos faiblesses et nous pouvons accepter, sans chercher plus loin, ces diverses manifestations, même si elles ne nous plaisent pas, si elles ne nous satisfont pas.
Alors pourquoi chercher plus loin ? L’ombre parait noire, porteuse de défauts et de mal, autant la laisser dans son antre.
Cela ne nous fait pas plaisir d’avoir en nous ces idées qui nous traversent, ces envies, ces critiques portées sur l’autre, nous en avons honte et nous n’avons pas envie d’aller voir de plus près ces rêves qui nous interpellent… Mister Hyde n’a pas le beau rôle et tout cela est assez désagréable…
Accepter de reconnaître ce que l’on estime indigne de soi, c’est le ramener en soi. Il est plus facile de le voir chez l’autre.
Mais nous l’avons dit, nous sommes des êtres humains et chacun porte en lui un instinct puissant d’individuation, cette réalisation de soi dans l’harmonisation et l’équilibre des opposés qui nous constituent psychiquement.