Se libérer de la Hontehttp://www.lahonte.org/7.htmlLa honte est un affect particulièrement douloureux et complexe. On rentre dans la honte par autrui, on en sort grâce à autrui. Pour se libérer de la honte, il faut d'abord restaurer du contact et du lien avec les autres et avec soi.
Pour se faire, les différentes étapes sur ce chemin sont: accepter de l'aide, mettre "ses maux en mots", débloquer ses noeuds émotionnels, être bienveillant envers soi, valoriser l'humilité, développer son autonomie et son sens des responsabilités, rester patient, faire des efforts pour développer ses compétences.
D'un point de vue plus technique, l'accompagnement thérapeutique d'une personne souffrant de la honte passe par :Le rétablissement du lien social à travers la mise en place d'un cadre et d'une alliance thérapeutique de qualité.
Le lien thérapeutique se construit dès la première minute avec l'accueil de la personne. Le thérapeute veillera à la qualité de sa présence, de son écoute et de son empathie, et il se donnera comme priorité de développer un bon lien avec son patient. Ce lien peut être très fragile en début de thérapie. Il doit être entretenu par le thérapeute, notamment quand son patient sera pris de nouveau dans ses sentiments d'impuissance issus de sa honte. La création de cette alliance thérapeutique est une base essentielle, qui permettra la traversée des souffrances qui seront obligatoirement revisitées.
Parallèlement, le thérapeute installera le cadre thérapeutique pour que le patient puisse se sentir à la fois en sécurité, respecté et libre. Il s'agira de bien poser les quelques règles de base du fonctionnement de la thérapie et de définir le contrat/la demande du patient.
Le rétablissement de la parolePour développer l'alliance thérapeutique, il sera important de travailler sur les souffrances, les manques, les ressources, les réalisations et la créativité du patient. Le thérapeute doit aider le patient à se dire, à dire son histoire, à nommer l'indicible de son vécu.
Le thérapeute utilisera ses qualités d’observateur, il sera à l’écoute du langage du corps, il entrera en empathie avec son patient. Il pourra dire ce qu’il imagine du vécu du patient, de ses éprouvés ici-maintenant, et aider ainsi le sujet à identifier ses propres sentiments. L'art et la créativité sont aussi une piste intéressante pour aider la personne sur ce dernier point.
Le rétablissement de la fluidité émotionnelleLe travail émotionnel sera une priorité. Le thérapeute veillera à sortir le patient de son inhibition et de son sentiment d'impuissance. Il soulignera l'injustice du vécu du patient, et il accueillera notamment les émotions réactivées de colère et de peur liées à celui-ci. Il fera particulièrement attention à ce que le patient ne bloque pas sa colère contre lui, ce qui correspond au processus de fonctionnement de la honte. La restauration de la fluidité émotionnelle, notamment de la juste colère, permettra au patient de reconstruire ses défenses.
Le rétablissement des frontièresAprès une période où l'alliance thérapeutique et l'empathie priment, le thérapeute veillera à développer le sens des responsabilités et l'autonomie de son patient. Là, l'accent sera mis sur la capacité du patient à faire la part des choses entre lui et Autrui, à distinguer sa responsabilité, à faire ses choix et à s'engager en conscience et responsabilité en accord avec toutes les parts de lui.
Avoir une écoute multifactorielle de la honte Du fait des multiples facettes de la honte, le thérapeute écoutera le vécu de son patient à plusieurs niveaux (verbal-non verbal) et il explorera les différentes dimensions de la honte chez son patient.
Donner sens à sa honte, développer un bel humanisme dans sa vie socialeLa question de la honte amène souvent sur le chemin d'une certaine philosophie. La honte nous informe en effet sur notre valeur et notre place d'Homme dans la communauté des Hommes. Elle renvoie à la dignité, à l'identité et à la justesse relationnelle de chacun dans la communauté humaine. Parce qu'elle touche au sens de la communion sociale chez l'homme, la honte nous invite à développer notre humanisme. Elle touche à notre besoin philosophique et psychologique de croire en certaines valeurs pour se construire. Elle nous invite à construire notre place et nos valeurs, à avoir la foi en certaines choses, à donner du sens à notre vie, à nous rendre utile dans la communauté.
En fin de thérapie, le thérapeute pourra accueillir ce besoin nouveau de se rendre utile et de prendre sa juste place pour participer à une communauté plus humaniste.